8 Octobre 2018
Des centaines de Môn originaires de Birmanie vivent près de la frontière thaïlandaise à Sangkhlaburi, dans la province de Kanchanaburi. tous les ans ils célébrent la journée de la pleine lune qui commémore le retour des trois écritures bouddhistes Pitaka.
Le Vinaya Pitaka (en sanskrit et en pali) est la "corbeille de la discipline", c'est la première des trois divisions du canon pali (Tipitaka) sur laquelle se base le courant bouddhiste theravâda. Elle traite du vinaya (discipline monastique) et contient les règles principales (patimokkha) et additionnelles, le récit des circonstances dans lesquelles elles ont vu le jour, les sanctions en cas d’infraction, des commentaires et quelques sutras. Elle fut ramenées de Sri Lanka
À partir du XIe siècle, Sri Lanka, terre theravâda, devint la source principale de l’influence bouddhiste en Asie du Sud. Les Môn, installés principalement en Birmanie et dont l'archéologie révèle la présence ancienne dans certaines parties de Thaïlande et du Laos, ont joué un rôle dans sa transmission, car ils l'adoptèrent longtemps avant les autres, bien que la date exacte soit incertaine. Converti par le moine môn Shin Arahan, l'empereur birman Anawrahta (1044–1077) introduisit officiellement le bouddhisme theravada dans son pays, et de nombreux temples furent érigés à Pagan entre le XIe et le XIIIe siècle. Le theravâda fut introduit vers 1260 dans le royaume thaï de Sukhothaï et vit son influence grandir durant la période d’Ayutthaya (XIVe-XVIIIe siècle).
Portant le costume traditionnel rouge et blanc môn, les dévots se rassemblent vers seize heures à la pagode principale de Sangkhlaburi où un grand navire en bambou est édifié entouré de nourriture, de bannières et de bougies.
Les gens célèbre l'événement, vers la mi-septembre, avec un cortège de voitures et de motos autour de la ville quel que soit le temps souvent sous une pluie battante en cette saison. Ils agitent des banderoles colorées et en portent des plateaux de nourriture. Les jeunes enfants se joignent à la célébration avec leurs parents tandis que les adolescents se retrouvent entre amis et amies.
Les bannières, coûtant de dix à vingt Bath se vendent rapidement avant le jour du festival, selon les marchands de la ville. Les Môn pensent que chacun doit faire don de bannières pour l'occasion et que dans les ménages, on doit en acheter une pour chaque membre.
"Je gagne deux milles Bath en une seule matinée ! C'est une très bonne journée pour les affaires", explique Mi Kyi , un vendeur de bannière.
Mais il n'y a pas que les vendeurs bannière qui profitent de cette journée fructueuse,les vendeurs de fleurs récoltent également le bénéfice du festival, en effet, les bannières sont ornés de différents styles de fleurs. Beaucoup de gens croient qu'il est yadaya chay (une superstition) de faire des offrandes de nourriture et d'ornements au grand bateau en bambou.
En arrivant au bassin de bois, les gens récitent des prières pour la bonne chance et déposent leurs dons. Les bannières sont posées à côté du bateau comme les décorations, tandis que les moines bouddhistes môn chantent à proximité. "Nous offrons des bannières au bateau parce que nous souhaitons avoir de la chance. Nous croyons que lorsque ces bannières de papier sont détruites, nos mauvaises fortunes et malchances disparaîtront avec elles", précise Win Mi , âgé de cinquante ans, une habituée du festival.
Les croyants disposent environ dix sortes de nourriture sur un plateau en offrande, généralement du riz, des oranges, des bonbons, des biscuits, des gâteaux, de la canne à sucre, du riz gluant, des bananes et des pamplemousses.
La cérémonie dure de quatre heures à six heures. Les Môn pensent que si trop peu de pluie tombe sur le navire en bambou durant la cérémonie, les précipitations seront moins abondantes pendant la mousson suivante et la récolte du riz en souffrira.
"C'est bien les années où il y a beaucoup de pluie durant la cérémonie" explique un participant Nai Htaw Phy .
Le navire de bambou représente le navire qui le moine bouddhiste môn Mhar Htay Buddhaghosa prit au Sri Lanka, en l'année 956 de l'ère bouddhiste (413 après JC), pendant le règne du roi Dhama Pala . Il a ensuite traduit le script pali des écritures saintes de trois Pitaka dans la langue môn.
"Nous célébrons cette cérémonie car c'est le jour où nous avons obtenu les trois Pitaka du Sri Lanka ce qui est très important pour les môn comme nous", explique encore Sunthorn Nai , un leader communautaire môn de Sangkhlaburi . Les môn du monde entier se souviennent encore d'avoir reçu les trois Pitaka et dû payer le navire qui a voyagé au Sri Lanka, et participent à des cérémonies semblables tenues dans l'État môn en Birmanie.
Le navire en bambou de Sangkhlaburi demande trois jours pour sa construction. Il est composé de 3.000 morceaux de bambou, avec au moins une pièce offerte par chaque ménage môn de la région.
Beaucoup d'enfants môn ne sont plus conscients, aujourd'hui, de l'histoire de leurs ancêtres, mais néanmoins beaucoup d'adolescents môn qui travaillent à viennent à Sangkhlaburi se joindre au festival. Par la même occasion, ils honorent leurs parents qui sont allés au festival de la pleine lune.
Un village môn a été construit à Sangkhlaburi en 1984 sous l'impulsion du moine Luang Po Uttama, et près de 10.000 âmes vivent actuellement dans la région. Un règlement a été établi par Uttama pour conserver la culture môn vivante en Thaïlande. Luang Po Uttama est décédé en 2006. "Nous allons continuer à faire vivre notre culture dans ce village comme notre maître Uttama l'a maintenu dans le passé », répète Mahasuchat , le jeune abbé môn.
Dans ses tours "Aventure" Safarine vous fait découvrir ce district, à la frontière birmane ou vivent de nombreux groupes ethno-linguistiques, Môn, Karen, Birmans, Thaï Noirs, Népalais...
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Cet article est basé sur un reportage de Lawi Weng à Sangkhlaburi.
Lawi Weng fait partie de trois journalistes birmans, avec Aye Nai et Pyae Phone Aung, accusés d'avoir enfreint la loi en couvrant un événement organisé par une armée rebelle, en vertu de la loi sur les associations illégales datant de l'ère coloniale et interdisant de manière générale les contacts avec des groupes interdits. Ils risquent chacun jusqu'à trois ans de prison s'ils sont reconnus coupables. Devant les protestations internationales l'armée birmane renoncera à les poursuivre le 1 septembre 2017
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